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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

de s’en nourrir. C’est un des faibles de Mérimée[1], et qui me le rend ennuyeux. Il faut qu’une anecdote arrive comme autre chose dans la conversation ; mais ne mettre d’intérêt qu’à cela, c’est imiter les collectionneurs de choses curieuses, autre groupe que je ne puis souffrir, qui vous dégoûtent des beaux objets pour vous en crever les yeux par leur abondance et leur confusion, au lieu d’en faire ressortir un petit nombre en les choisissant et en les mettant dans le jour qui leur convient.

Mardi 4 mai. — Invité par Nieuwerkerke[2] à aller entendre au Louvre un discours sur l’art ou les progrès de l’art d’un sieur R…

Grande réunion d’artistes, de moitiés d’artistes, de prêtres et de femmes. Après avoir attendu convenablement l’arrivée, d’abord de la princesse Mathilde[3]

    description du Jugement faite par M. de Stendhal : « C’est un morceau de génie, l’un des plus poétiques et des plus frappants que j’aie lus. » (Maurice Tourneux, Eugène Delacroix devant ses contemporains.)

  1. Sur les rapports de Delacroix avec Mérimée, nous empruntons au livre de M. Tourneux l’indication suivante : il renvoie à un petit volume publié chez Charavay, Prosper Mérimée, ses portraits, ses dessins, sa bibliothèque (1879). « La seconde partie de ce travail est le développement d’un article paru dans l’Art du 14 novembre 1875, sous le titre de : Prosper Mérimée, ami d’Eugène Delacroix ; ses dessins et ses aquarelles. L’article de l’Art était orné du fac-similé d’une feuille de croquis de Delacroix appartenant à M. Burty, d’un billet de Mérimée à Delacroix. »
  2. Le comte de Nieuwerkerke avait succédé à Romieu à la direction des Beaux-Arts. « Il ne se signala pas, dit Burty, par une sympathie marquée pour le génie de Delacroix. Le gothique et tout ce qui lui ressemble, c’est-à-dire l’imitation alambiquée et pédante des maîtres, étaient en faveur. » [Corresp., t. II, p. 100. Note de Burty.)
  3. L’Empereur, jusqu’à son mariage, chargea la princesse Mathiluc,