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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

ments, au monument terminé. Mozart est supérieur à tous par sa forme achevée. Les beautés comme celles de Racine ne brillent point par le voisinage de traits de mauvais goût ou d’effets manqués ; l’infériorité apparente de ces deux hommes les consacre pourtant à jamais dans l’admiration des hommes, et les élève à une hauteur où il est le plus rare d’atteindre.

Après ces ouvrages, ou à côté si l’on veut, sont ceux qui réellement offrent des négligences considérables ou des défauts qui les déparent peut-être, mais ne nuisent à la sensation qu’à proportion du plus ou moins de supériorité des parties réunies ; Rubens est plein de ces négligences ou choses hâtées. La sublime Flagellation d’Anvers, avec ses bourreaux ridicules ; le Martyre de saint Pierre, de Cologne, où on trouve le même inconvénient, c’est-à-dire la figure principale admirable et toutes les autres mauvaises. Rossini est un peu de cette famille.

Après la nouveauté qui fait souvent tout accepter d’un artiste, ainsi qu’on l’a fait avec lui, après le temps de lassitude et de réaction où l’on ne voit presque que ses taches, arrive celui où la distance consacre les beautés et rend le spectateur indifférent aux imperfections. C’est ce que j’ai éprouvé avec Sémiramis.

26 avril. — Je disais hier à R…, au bal des Tuileries, à propos du mariage d’un auguste per-