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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

Dans la partie du chœur qui fait face, qui est la chapelle de la Vierge, les fenêtres sont du siècle suivant. C’est le style de Rubens châtié[1]. L’exécution est très belle ; on a cherché à colorer comme dans les tableaux, mais cette tentative, quoique aussi habile que possible, est un argument en faveur des vitraux des siècles précédents, et notamment de ceux dont j’ai parlé plus haut[2]. Le parti pris, la convention pour simplifier sont absolument nécessaires.

Il y a au fond du chœur des vitraux, d’après les dessins de Navez[3], qui entrent dans les inconvénients de ce genre bâtard. Il en résulte dans ces derniers, qui sont l’ouvrage de mauvais artistes venus dans de mauvais temps, qu’en voulant éviter ce qu’ils regardent comme des effets fâcheux, en plaçant les plombs à la manière des artistes anciens, ils les placent de manière à donner des idées toutes contraires à celles qu’ils veulent exprimer, ou à faire des effets ridicules. Leurs draperies et certaines parties qu’ils regardent comme moins importantes ont l’air d’être entourées à dessein de bordures noires, parce que leurs têtes, par exem-

  1. C’est l’expression même que Gros avait appliquée au talent de Delacroix, en 1822, à propos du Dante et Virgile. Le rapprochement nous a paru curieux à noter.
  2. Les plus beaux de ces vitraux ont été faits d’après les cartons de trois artistes flamands : Frans Floris, Van Orley et Van Thulden.
  3. François-Joseph Navez, peintre belge né en 1787, mort en 1869. Élève de David, il conquit en Belgique une grande réputation et devint successivement directeur de l’Académie royale des beaux-arts de Bruxelles, premier professeur de peinture à cette Académie, membre de l’Académie royale de Belgique et correspondant de l’Institut de France.