Page:Delacroix - Journal, t. 2, éd. Flat et Piot, 2e éd.djvu/162

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
148
JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

firme tout cela, c’est que, comme elles ne brillent pas par une grande puissance d’imagination, c’est surtout dans l’expression des riens qu’elles sont maîtresses passées. Une lettre, un billet, qui n’exige pas un long travail de composition, est leur triomphe.

Lundi 7 février. — Aujourd’hui, l’insipide et indécente cohue de la fête du Sénat. Aucun ordre, tout le monde pêle-mêle, et dix fois plus d’invités que le local n’en peut contenir. Obligé d’arriver à pied et d’aller de même retrouver la voiture à Saint-Sulpice… Que de gueux ! que de coquins s’applaudissent dans leurs habits brodés ! Quelle bassesse générale dans cet empressement !

Vendredi 4 mars.

… Cui lecta potenter erit res,
Nec facundia deseret hunc, nec lucidus ordo.


Mardi 15 mars. — Je retrouve sur un chiffon de papier les lignes suivantes que j’ai écrites il y a longtemps ; j’étais alors plus misanthrope que je ne suis. J’avais plus de raisons d’être heureux, puisque j’étais plus jeune. Je ne laissais pas d’être attristé du spectacle auquel nous assistons et dont nous sommes nous-mêmes les acteurs et les victimes.

Voici la boutade : « Comment ce monde si beau renferme-t-il tant d’horreurs ! Je vois la lune planer paisiblement sur des habitations plongées, en appa-