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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

30 novembre. — Sur la manière, à propos des peintures de l’Hôtel de ville, comparée à celle de Riesener. — Boucher, Vanloo admirés, imitateurs de Michel-Ange et de Raphaël ; même cohue.

Sans date[1]. — Penser que l’ennemi de toute peinture est le gris : la peinture paraîtra presque toujours plus grise qu’elle n’est, par sa position oblique sous le jour. — Les portraits de Rubens, ces femmes du Musée, — à la chaîne, etc., qui laissent voir partout le panneau Van Eyck, etc.

De là aussi un principe qui exclut les longues retouches, c’est d’avoir pris son parti en commençant… Il faudrait essayer, pour cela, de se contenter pleinement avec les figures peintes sans le fond ; en s’exerçant dans ce sens, il serait plus facile de subordonner ensuite le fond.

— Il faut, de toute nécessité, que la demi-teinte, dans le tableau, c’est-à-dire que tous les tons en général soient outrés. Il y a à parier que le tableau sera exposé le jour venant obliquement ; donc forcément ce qui est vrai sous un seul point de vue, c’est-à-dire le jour venant de face, sera gris et faux, sous tous les autres aspects. — Rubens outré ; Titien de même ; Véronèse quelquefois gris, parce qu’il cherche trop la vérité.

Rubens peint ses figures et fait le fond ensuite ; il

  1. Sur des notes volantes dans un Agenda portant la date 1852.