Page:Delacroix - Journal, t. 2, éd. Flat et Piot, 2e éd.djvu/144

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
130
JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

J’aime mieux m’entretenir avec les choses qu’avec les hommes : tous les hommes sont ennuyeux ; les tics, etc. L’ouvrage vaut mieux que l’homme. Corneille était peut-être assommant ; Cousin, de même ; Poinsot, etc. Il y a dans l’ouvrage une gravité qui n’est pas dans l’homme. Le Poussin est peut-être celui qui est le plus derrière son œuvre. — Les ouvrages où il y a du travail, etc.

Lundi 1er novembre. — Faire des traités sur les arts ex professo, diviser, traiter méthodiquement, résumer, faire des systèmes pour instruire catégoriquement : erreur, temps perdu, idée fausse et inutile. L’homme le plus habile ne peut faire pour les autres que ce qu’il fait pour lui-même, c’est-à-dire noter, observer, à mesure que la nature lui offre des objets intéressants. Chez un tel homme, les points de vue changent à chaque instant. Les opinions se modifient nécessairement ; on ne connaît jamais suffisamment un maître pour en parler absolument et définitivement.

Qu’un homme de talent, qui veut fixer les pensées sur les arts, les répande à mesure qu’elles lui viennent ; qu’il ne craigne pas de se contredire ; il y aura plus de fruit à recueillir au milieu de la profusion de ses idées, même contradictoires, que dans la trame peignée, resserrée, découpée, d’un ouvrage

    presque toute sa vie en Italie. Il a pourtant travaillé pour le Louvre ainsi que pour le palais et le parc de Versailles.