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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

ou dimanche. Je fais faire bonne garde à la porte de ma salle. Haro a renvoyé le préfet[1], qui a approuvé ma résolution de m’enfermer ; ce qui me fait étendre la mesure à tout le monde et avec son ordre exprès.

Cette salle est, je crois, la plus obscure de toutes[2]. J’ai été un peu inquiet, surtout de l’effet des fonds des caissons, qu’il faut, je crois, faire clairs.

Mercredi 20 octobre. — Ce matin, j’ai fait enlever toutes les planches, et la vue de l’ensemble m’a rassuré. Tous mes calculs relatifs à la proportion et à la grâce de la composition totale sont justes, et je suis ravi de cette partie du travail. Les obscurités qui sont l’effet de cette salle et auxquelles il était impossible de s’attendre à ce degré, seront, j’espère, facilement corrigées.

Vendredi 22 octobre. — En sortant de ma salle, vers dix heures, trouvé le préfet qui m’a promené devant toutes ces maudites peintures. Il m’a fait tomber sur la jambe un cadre de bois, qui m’a fait une entaille qui paraît être, le lendemain, assez légère, mais qui m’a inquiété, par la crainte d’être arrêté dans la terminaison de mon salon.

  1. M. Berger était alors préfet de la Seine. Il ne quitta ce poste qu’en 1853, lorsqu’il fut nommé sénateur.
  2. On sait que toute cette salle (salon de la Paix) a été complètement brûlée dans l’incendie du 24 mai 1871.