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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

Lundi 11 octobre. — Sur mes figures de la terre, et qui étaient trop rouges, j’ai mis des luisants avec jaune de Naples, et j’ai vu, quoique cela me semble contrarier l’effet naturel qui me paraît faire les luisants gris ou violets, que la chair devenait à l’instant lumineuse, ce qui donne raison à Rubens. Il y a une chose certaine, c’est qu’en faisant des chairs rouges ou violâtres, et en faisant des luisants analogues, il n’y a plus d’opposition, partant le même ton partout. Si, par-dessus le marché, les demi-teintes sont violettes aussi, comme c’est un peu mon habitude, il est de nécessité que tout soit rougeâtre. Il faut donc absolument mettre plus de vert dans les demi-teintes dans ce cas. Quant au luisant doré, je ne me l’explique pas, mais il fait bien : Rubens le met partout… Il est écrit dans la Kermesse.

Mardi 12 octobre. — Aujourd’hui, vu Cinna avec Mlle Rachel. J’y avais été pour le costume de Corinne : je l’ai trouvé à merveille. Beauvallet[1] n’est décidément pas mal dans Auguste, surtout à la fin. Voilà un homme qui fait des progrès ; aussi les rides lui viennent, et probablement les cheveux blancs, ce que la perruque d’Auguste ne m’a pas permis de juger.

  1. Beauvallet avait débuté à la Comédie-Française le 3 septembre 1830 dans Hamlet, tragédie de Ducis. Le lendemain, M. Charles Maurice écrivait dans le Courrier des théâtres : « Le premier début de M. Beauvallet a été hier des plus insignifiants ; il n’y a rien chez cet acteur qui puisse justifier les prétentions qu’annonce cette tentative. »