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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

et il m’a parlé tout le temps du conseil. Je l’ai remis dans sa chambre, où il m’a causé longuement, pendant que je m’endormais,

Samedi 11 septembre. — En me réveillant, j’ai vu de mon lit le bassin à peu près plein et les mâts des bâtiments se balançant plus qu’à l’ordinaire ; j’en ai conclu que la mer devait être belle ; j’ai donc couru à la jetée et j’ai effectivement joui, pendant près de quatre heures, du plus beau spectacle.

La jeune dame de la table d’hôte, qui se trouve être seule, y était à son avantage ; il est vrai que le noir lui sied mieux et ôte un peu de vulgarité. Elle était vraiment belle par instants, et moi assez occupé d’elle, surtout quand elle est descendue au bord de la mer, où elle a trouvé charmant de se faire mouiller les pieds par le flot. A table, sur le tantôt, je l’ai trouvée commune. La pauvre fille jette ses hameçons comme elle peut : le mari, ce poisson qui ne se trouve pas dans la mer, est l’objet constant de ses œillades, de ses petites mines. Elle a un père désolant… J’ai cru longtemps qu’il était muet ; depuis qu’il a ouvert la bouche, ce qui, à la vérité, est fort rare, il a perdu encore dans mon opinion ; car auparavant, c’était l’écorce seule qui était peu flatteuse.

Ce soir, je les ai retrouvés à la jetée.

Rentré, lu mon cher Balsamo[1].

  1. C’est la première fois qu’une épithète louangeuse pour Dumas