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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

Jeudi 9 septembre. — Tous ces jours-ci, j’ai, eu mauvais temps et difficulté de jouir de la mer et de la promenade.

Rencontré Dantan[1], qui m’a dit des choses aimables.

Vu l’église du Pollet. Cette simplicité est toute protestante ; cela ferait bien avec des peintures. Le soir, j’ai joui de la mer, pendant une heure et demie ; je ne pouvais m’en détacher.

Vraiment, il faut accorder à la littérature moderne d’avoir donné, par les descriptions, un grand intérêt à certains ouvrages, qui n’avaient pas une place suffisante. Seulement, l’abus qu’on a fait de cette qualité, à ce point qu’elle est devenue presque tout, a dégoûté du genre.

Vendredi 10 septembre. — Ce matin, sorti à sept heures et demie, contre ma coutume. Je m’étais mis à lire Dumas, qui me fait supporter le temps que je ne passe pas au bord de la mer. La mer la plus calme, la vue avec le soleil du matin, toutes ces voiles de pécheurs à l’horizon m’ont enchanté. Je suis rentré en retournant plusieurs fois la tête.

En revenant vers quatre heures du quartier des bains, rencontré M. Perrier. Il a dîné avec nous. Le soir, nous avons été ensemble à la jetée. Il a dit, comme moi, que c’était magnifique, sans regarder,

  1. Jean-Pierre Dantan, statuaire et caricaturiste, dit Dantan jeune.