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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

la couleur dans la peinture. Chose étrange ! elle n’a été comprise que par un très petit nombre de grands peintres, même parmi ceux qu’on répute coloristes.

Champrosay, jeudi 6 mai. — (Le dos contre la barrière, au pied du grand chêne de l’allée de l’Ermitage.)[1] Arrivé hier mercredi 5 à Champrosay pour passer deux ou trois jours, et m’installer dans mon nouveau logement.

Vers quatre heures, sorti sur la route vers Soisy[2], pour gagner de l’appétit. J’ai trouvé là sur la poussière une trace d’eau répandue comme par le bout d’un entonnoir, qui m’a rappelé mes observations précédentes, et en différents lieux, sur les lois géométriques qui président aux accidents de même espèce, qui semblent au vulgaire des effets du hasard : tels que sillons que creusent les eaux de la mer, sur le sable fin qu’on trouve sur les plages, comme j’en ai observé l’année dernière à Dieppe, et comme j’en avais vu à Tanger. Ces sillons présentent, dans leur irrégularité, le retour des mêmes formes, mais il semble que l’action de l’eau ou la nature du sable qui reçoit ces empreintes, détermine des aspects différents, suivant les lieux : ainsi, les marques à Dieppe,

  1. Tous ces chênes, arbres séculaires de la forêt de Sénart, devinrent pour Delacroix le sujet de croquis plus ou moins arrêtés dont on retrouve la trace dans son œuvre.
  2. Soisy-sous-Étiolles, canton de Corbeil.