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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

amis et les médecins, donnant l’ouvrage à ses ouvriers. L’opération se fit en cinq temps. Il dit, après le quatrième : « Mes amis, voilà quatre actes, que le cinquième n’en fasse pas une tragédie. »

Je veux, l’année prochaine, en revenant, copier ici le portrait de mon père.

— Un homme célèbre dit à un fanfaron jeune et impertinent, qui se vantait de n’avoir jamais eu peur de rien : « Monsieur, vous n’avez donc jamais mouché la chandelle avec vos doigts ! »

— Pense à affermir tes principes. — Pense à ton père et surmonte ta légèreté naturelle ; ne sois pas complaisant avec les gens à conscience souple.

13 septembre. — Voilà la lettre que j’écris à ma sœur[1] la veille au soir de mon départ du Louroux :

« J’ai tardé jusqu’à ce jour à te répondre, parce que je comptais t’aller voir. Maintenant que je vais retourner à Paris pour des choses importantes qui regardent ma peinture, je te transmets des renseignements donnés par Félix. Comment que tu interprètes ma conduite, sois persuadée que mes sentiments n’ont point changé ; j’espère te le prouver, quand je te verrai. Je veux seulement
  1. Sa sœur Henriette Delacroix, plus âgée que lui de vingt ans, avait épousé M. de Verninac Saint-Maur, ambassadeur de France à Constantinople.
    Cette lettre a trait à des difficultés qui s’étaient élevées entre Charles, Eugène et M. de Verninac au sujet de leurs droits respectifs dans la succession de leur mère.