Page:Delacroix - Journal, t. 1, éd. Flat et Piot, 2e éd.djvu/507

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
431
JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

chœur pour se conformer à cette passion du gothique, sans la satisfaction de laquelle les Parisiens ne peuvent trouver aujourd’hui de plaisir à rien.

Ce Darcier ne manque pas d’une certaine verve, et est doué d’une belle voix ; mais les refrains vulgaires et cette musique de mauvais goût faisaient un effet désolant auprès des morceaux de Delsarte.

Un malheureux enfant de chœur a psalmodié, sans une étincelle de sentiment, quelques complaintes gothiques, accompagné par une espèce d’orgue qui ne marquait aucune nuance et l’écrasait complètement.

Mme Kalerji était devant moi et auprès de M. J… et M. Piscatory[1].

Il a fallu livrer bataille, en sortant, pour avoir ma redingote, et j’y ai sans doute repris une seconde édition de mon rhume.

Dimanche 21 avril. — Fatigué de la séance d’hier soir.

— Travaillé quelque peu à la composition du plafond et resté chez moi le soir.

— M. Lafont[2] venu dans la journée ; il me plaît beaucoup. Je l’ai entrepris sur la peinture religieuse

  1. Piscatory, homme politique et diplomate, né en 1799, mort en 1870. Il joua un rôle assez important sous la Restauration et sous la monarchie de Juillet. Il fut envoyé comme ministre plénipotentiaire en Grèce en 1844 et comme ambassadeur quelques années après en Espagne. Sous le second Empire, il rentra définitivement dans la vie privée.
  2. Émile Lafont, peintre de sujets religieux.