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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

imagination et avait du feu, et que lui (Duverger) était presque tout le contraire ; c’est la réunion de ces deux facultés, l’imagination et la raison, qui fait les hommes exceptionnels.

Il me présente l’idée originale et pourtant assez raisonnable que la tradition napoléonienne est le résultat nécessaire de la révolution.

11 février. — Dîné chez Meissonier avec Chenavard. Fait là, inter pocula, le beau projet d’aller en Hollande voiries dessins de Raphaël. Chenavard dit à dîner que Raphaël lui déplaisait parce qu’il le trouvait impersonnel, c’est-à-dire se métamorphosant à mesure que d’autres personnalités vigoureuses le frappaient : le contraire de Michel-Ange, Corrège, Rembrandt, etc…

13 février. — Retravaillé au Saint Sébastien.

— Vu la princesse Marcellini, vers trois heures ; j’ai été bien frappé de ce qu’elle m’a joué de Chopin. Rien de banal, composition parfaite. Que peut-on trouver de plus complet ? Il ressemble plus à Mozart que qui que ce soit. Il a, comme lui, de ces motifs qui vont tout seuls, qu’il semble qu’on trouverait.

Jeudi 14 février. — Travaillé à la Femme impertinente. Je l’avais reprise, il y a dix ou douze jours.

— Je commence à prendre furieusement en grippe