Page:Delacroix - Journal, t. 1, éd. Flat et Piot, 2e éd.djvu/482

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
406
JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

A Rouen vers une heure, et fait toute la route jusqu’à Paris sans compagnon de route. Avant Rouen, il était venu une délicieuse femme avec un homme âgé ; j’ai beaucoup joui de sa vue, pendant le peu de temps qu’elle a passé dans la voiture.

J’étais assez mal disposé. J’avais déjeuné sans faim, et cette disposition, qui m’a empêché de manger toute la journée, a agi sur mon humeur. Admiré cependant les bords de la Seine, les rochers qu’on voit le long de la route, depuis Pont-de-l’Arche jusqu’au delà de Vernon, ces mamelons presque réguliers, qui donnent un caractère particulier à tout ce pays, Mantes, Meulan. Aperçu Vaux, etc.

Triste en arrivant : la migraine y contribuait. Attendu longtemps pour les paquets. Trouvé Jenny qui m’attendait. Je n’ai pas été fâché de trouver, en arrivant, ses bons soins.

Sans date. — Passé les jours suivants dans l’oisiveté. Quelques visites.

Vu Mme Marliani qui m’avait écrit ; elle a passé un mois à Nohant, et y a été malade. Mme Sand est triste et ennuyée. Elle a maintenant la fureur du domino. Elle grondait tout de bon cette pauvre Charlotte de ne point sentir toutes les profondeurs de combinaisons que renferme ce sublime jeu. On fait aussi des charades où elle fait sa partie. Les costumes l’occupent.

Clésinger, que j’ai rencontré dans la rue, m’a