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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.


— (Lefebvre) Odalisque 150 »
— (Lefebvre) Christ à la colonne 150 »

Mercredi 21 mars. — Chez Mercey[1] le soir. Grande soirée. Mon pauvre Mercey acquiert de l’importance ; il a l’air d’un homme d’État. Il était meilleur garçon autrefois. Peut-être est-ce devant le monde qu’il est ainsi. Dans le tête-à-tête avec moi, il est plus simple. Mareste, que je revois avec plaisir, m’apprend qu’Alberthe est partie à Turin auprès de sa fille mourante. En voilà encore une qui mourra seule au monde.

Impression désagréable de toutes ces figures d’artistes attirés chez l’homme qui donne les travaux. J’y avais été à pied, et je pensais trouver chez elle Mme Villot ; elle n’y était pas.

Je suis entré à la Madeleine, où l’on prêchait. Le prédicateur, usant d’une figure de rhétorique, a répété dix ou douze fois, en parlant du juste : Il va en paix !… il va en paix ! « Va en paix » a été ce qu’il y a eu de plus remarquable dans son discours. Je me suis demandé quel fruit pouvait résulter des lieux communs répétés à froid par cet imbécile. Je suis obligé de reconnaître aujourd’hui que cela va avec le

  1. Frédéric Bourgeois de Mercey, peintre et écrivain, né en 1808, mort en 1860. A la suite de débuts heureux comme paysagiste, il entra, en 1840, comme chef de bureau des beaux-arts, au ministère de l’intérieur, et succéda, en 1853, au comte d’Houdetot, comme membre libre de l’Académie des beaux-arts. Cette même année, il devint, au ministère d’État, directeur des beaux-arts.