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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

Situation d’esprit fort triste ; aujourd’hui ce sont les affaires publiques qui en sont cause ; un autre jour, ce sera pour un autre sujet. Ne faut-il pas toujours combattre une idée amère ?

— J’éprouve sur le tableau des Femmes d’Alger combien il est agréable et même nécessaire de peindre sur le vernis. Il faudrait seulement trouver un moyen de rendre le vernis de dessous inattaquable dans les opérations subséquentes de dévernissage, ou vernir d’abord sur l’ébauche avec un vernis qui ne puisse s’en aller, comme celui de Desrosiers ou de Sœhnée, je crois, ou bien faire de même pour finir.

10 février. — Chez Pierret le soir : beaucoup de monde. J’y ai vu Lassus[1], perdu de vue depuis longtemps.

Un imbécile nommé M…, que je n’y avais pas vu depuis longtemps, y était en toilette exacte et ganté hermétiquement. Il a l’air de se croire beau ou intéressant pour le sexe ; cela lui impose la tenue. Je ne mentionne ceci que parce que, à propos de cet individu qui n’est qu’un fat, j’ai pensé à certains hommes à bonnes fortunes, qui sont les victimes de l’obligation où ils se croient d’être toujours beaux.

11 février. — Vers deux heures chez J… ; V… y

  1. J.-B. Antoine Lassus, architecte, né à Paris en 1807, mort en 1857, collaborateur de Viollet-le-Duc, et inspecteur des édifices religieux de la Seine.