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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

Le Tintoret travaillait extrêmement à dessiner en dehors de ses tableaux ; il a copié des centaines de fois certaines têtes de Vitellius, dessins de Michel-Ange.

24 avril. — Scheffer venu le matin.

— En parcourant dans la journée le livre des Emblèmes de Bocchi[1], je retrouve encore une foule de choses ravissantes d’élégance à étudier. J’essaye avant dîner, mais la fatigue me prend ; je ne suis pas encore remis.

25 avril. — Lassalle venu ce matin : il me prévient peu en faveur d’Arnoux.

Riesener venu, et Boissard ; puis Mme Beaufils, qui m’a fort fatigué avec son insistance pour me faire promettre d’aller chez elle cet automne.

Riesener dit une chose très juste, à propos de l’enthousiasme exagéré que peuvent inspirer les peintures de Michel-Ange. Je lui parlais de ce que m’avait dit Corot, de la supériorité prodigieuse de ces ouvrages ; Riesener dit très bien que le gigantesque, l’enflure, et même la monotonie que comportent de tels objets, écrasent nécessairement ce qu’on peut mettre à côté. L’Antique mis à côté des idoles indiennes ou byzantines se rétrécit et semble terre à terre… ; à

  1. Le livre des Emblèmes (Symbolicæ questiones, Bononiæ, 1555), par Achille Bocchi, littérateur italien, né en 1488, mort en 1562, à Bologne.