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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

voit après. Il n’y faut même pas trop penser, de peur de jeter tout par les fenêtres.

Est-ce que l’espèce de froideur que j’ai toujours sentie pour le Titien ne viendrait pas de l’ignorance presque constante où il est relativement au charme des lignes ?

8 mars. — Repris l’Othello toute la journée ; il est très avancé. A cinq heures, parti pour Vincennes. Dîné chez le Prince, en passant par chez M. Delessert[1]. Dîné entre deux hommes qui m’étaient inconnus ; mon voisin de droite est un vieux major d’artillerie, qui est à moitié sourd, par l’effet du canon, sans doute. Nous avons causé néanmoins. Vu Spontini, auquel j’ai été présenté[2].

9 mars. — Hoffmann a fait un article sur Walter Scott. M. Dufays est venu ce matin et me le dit entre autres choses. Voilà qu’il me demande une recommandation auprès de Buloz. Je lui ai dit que je venais de parler pour Arnoux. Hoffmann, m’a-t-il dit, ayant lu les premiers ouvrages de Walter Scott, en fut très frappé ; il se regardait comme incapable de ce beau calme, et peut-être ne se savait-il pas gré des qualités tout opposées qui forment son talent.

Paresse extrême et lassitude de la veille.

  1. M. Delessert était alors préfet de police.
  2. L’auteur de la Vestale était né en 1779. Sa santé était en 1847 déjà fort ébranlée. Il mourut le 24 janvier 1851.