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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

21 février. — Aujourd’hui, fermé ma porte par excès d’ennui des visiteurs.

Repris les Comédiens arabes[1] de bonne heure, à cause du concert de Franchomme[2], où je devais aller à deux heures. En y allant, trouvé Mme Sand, qui m’a fait achever la route dans sa voiture. Je l’ai revue avec un vrai plaisir. Excellente musique. Quatuor d’Haydn, des derniers qu’il ait faits. Chopin me dit que l’expérience y a donné cette perfection que nous y admirons. Mozart, a-t-il ajouté, n’a pas eu besoin de l’expérience ; la science s’est toujours trouvée chez lui au niveau de l’inspiration. Quintettes de lui, déjà entendus chez Boissard. Le trio de Rodolphe de Beethoven : passages communs, à côté de sublimes beautés.

Résisté à dîner chez Mme Sand, pour rentrer et me reposer.

Le soir chez M. Thiers ; il n’y avait que Mme Dosne.

22 février. — Continué les Comédiens arabes et avancé beaucoup.

— Chez Asseline[3] à sept heures et demie, pour aller à Vincennes ; le prince paraît fort aimable[4].

  1. Voir Catalogue Robaut, no 1044.
  2. Auguste-Joseph Franchomme, violoncelliste, né à Lille en 1809. Cet artiste des plus distingués et l’un des noms les plus considérés de l’école française, a fondé, avec l’illustre violoniste Alard, des matinées de quatuors dans lesquelles la musique classique était exécutée avec une étonnante perfection.
  3. Asseline, secrétaire des commandements des princes d’Orléans.
  4. Le duc de Montpensier, qui, en effet, était logé et recevait à Vincennes.