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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

sion est la plus forte ; comme preuve, les Mémoires de Casanova, qui m’ont fait un effet immense, quand je les ai lus pour la première fois dans l’édition écourtée, en 1829. J’ai eu occasion depuis d’en parcourir des passages de l’édition plus complète, et j’ai éprouvé une impression différente.

Le jeune Soulié me dit que M. Niel[1], ayant lu le Neveu de Rameau[2], dans la traduction française faite d’après celle que Goethe avait faite en allemand, le préférait à l’original ; nul doute que ce ne soit l’effet de cette vive impression de certaines formes sur l’esprit qui, sur le même objet, n’en peut plus recevoir de semblables.

(Je relis ceci en 1857. — Je relis les Mémoires de Casanova, pendant ma maladie, je les trouve plus adorables que jamais ; donc ils sont bons.)

6 février. — Peu de travail, le matin. L’après-midi, ébauché entièrement les figures du Christ au tombeau. — Dîné et passé la soirée avec J…

Planet[3] est venu à quatre heures ; il a paru très

  1. M. Niel, bibliothécaire au ministère de l’intérieur, était un homme des plus distingués, très brillant causeur, d’un esprit très fin et très délicat, et grand amateur de crayons du seizième siècle. Il publia avec son propre texte le beau recueil de Portraits historiques, d’après les crayons de Dumoustier, Clouet et autres, gravés par Riffaut.
  2. Le texte exact du Neveu de Rameau vient d’être publié récemment par MM. Monval et Thoinan, qui ont retrouvé le manuscrit original, écrit de la main même de Diderot.
  3. Planet, de Toulouse, peintre, élève de Delacroix. M. Lassalle-Bordes prétend que Planet fit dans l’atelier de Delacroix les quatre pendentifs suivants, qui font partie de la décoration de la voûte de la biblio-