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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

tout de suite l’admiration. Le cheval blanc de saint Benoît, de Rubens, semble une chose tout à fait idéale et fait un effet bien puissant.

— Dîné chez Mme de Forget.

31 janvier. — Travaillé aux Femmes d’Alger.

— Le soir, chez J… Elle a vu Vieillard[1] ; il est toujours inconsolable.

Elle me donne un article de Gautier, sur le Luxembourg, qui est par-dessus les toits.

2 février. — Le matin chez Müller. — Chez Gaultron[2]. — Dupré et Rousseau venus dans la journée ; ils m’ont répété beaucoup d’arguments en faveur de la fameuse société ; mais j’avais pris mon parti, et leur ai déclaré ma complète aversion pour le projet.

Que faire après une journée, ou plutôt une matinée pareille ? La sortie le matin et puis la venue de ces deux parleurs, au moment où j’eusse pu retrouver quelque disposition au travail, m’ont complètement abattu jusqu’au soir.


3 février. — Müller[3] m’a rendu ma visite prestement ; l’aplomb de ce jeune coq est remarquable.

  1. Ami de Delacroix.
  2. Gaultron, peintre, élève de Delacroix.
    Delacroix avait ouvert, en 1838, un atelier rue Neuve-Guillemin, où il réunissait ses élèves. En 1846, l’atelier avait été transféré de l’autre côté de la Seine, rue Neuve-Breda.
  3. Louis Müller, peintre, né en 1815, élève de Gros et de Coignet. Il remplaça Hippolyte Flandrin à l’Institut en 1864.