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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

— Le soir, chez Deforge[1]. Vu Laurent Jan[2]. — Chez Pierret. Villot et sa femme.

Temps magnifique. Lune. Revenu à pied très tard, avec plaisir.

— Travaillé aux Femmes d’Alger[3].

— Villot me parle du papier transparent pour lithographies.

24 janvier. — Le soir, chez M. Thiers. Revu d’Aragon. Quand il n’y avait plus que quelques personnes, il nous a parlé du maréchal Soult. Il nous a dit qu’il mettait au défi de lui trouver une seule action d’éclat dans sa vie. Très laborieux, etc… Au camp de Boulogne, il fut un des instruments de l’élévation à l’Empire. On ne savait comment s’y prendre. L’armée, tout attachée qu’elle était au premier Consul, le Sénat, s’y seraient probablement refusés. On eut l’idée, et je pense que ce fut le général Soult, de faire signer une pétition à un corps désorganisé de dragons, lequel, étant mis à pied et désœuvré, était tout voisin de la démoralisation qu’entraîne l’oisiveté chez les soldats. Ils signèrent la péti-

  1. Marchand de tableaux et de couleurs.
  2. Laurent Jan était un des journalistes les plus spirituels de cette époque.
  3. Il s’agit ici d’une variante du tableau : Femmes d’Alger, qui fut exposé au Salon de 1834 et qui appartient au Musée du Louvre. Le tableau dont il est question ici, et qui est mentionné au catalogue Robaut sous le titre : Femmes d’Alger dans leur intérieur, fut envoyé par Delacroix au Salon de 1849. La disposition des bras de la négresse n’est pas tout à fait la même que dans le tableau du Louvre. Il fait maintenant partie de la galerie Bruyas au Musée de Montpellier.