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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

jeux des autres oiseaux attirés près de là, ou qui volent et s’enfuient à tire-d’aile, après avoir rafraîchi leurs plumes et trempé leur bec dans cette parcelle d’eau. Et tous les gestes gracieux, au milieu de ces ébats, ces ailes frémissantes, le petit corps dont le plumage se hérisse, cette petite tête élevée en l’air, après s’être humectée, mille autres détails, que je vois encore en imagination, si ce n’est en réalité. Et encore, en décrivant tout ceci[1]

Sans date. — Il y a des lignes[2] qui sont des monstres : la droite, la serpentine régulière, surtout deux parallèles. Quand l’homme les établit, les éléments les rongent. Les mousses, les accidents rompent les lignes droites de ses monuments. Une ligne toute seule n’a pas de signification ; il en faut une seconde pour lui donner de l’expression. Grande loi. Exemple : dans les accords de la musique une note n’a pas d’expression, deux ensemble font un tout, expriment une idée.

Chez les anciens, les lignes rigoureuses corrigées par la main de l’ouvrier. Comparer des arcs antiques avec ceux de Percier et Fontaine[3]… Jamais de

  1. La suite manque dans le manuscrit.
  2. Cette question de la ligne, du rôle de la ligne et de la couleur se trouvera reprise et longuement développée dans les dernières années du journal : on y pourra voir, comme un plaidoyer en faveur de son art, une défense de toute son œuvre.
  3. Percier, architecte, né à Paris en 1764, mort en 1838, et Fontaine, architecte, né à Paris en 1762, mort en 1853. Tous deux étaient élèves de Peyre, l’architecte du Roi, et remportèrent le grand prix de