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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

1840

Sans date. — En tout objet la première chose à saisir pour le rendre avec le dessin, c’est le contraste des lignes principales. Avant de poser le crayon sur le papier, en être bien frappé. Dans Girodet, par exemple, cela se trouve bien en partie dans son ouvrage, parce qu’à force d’être tendu sur le modèle, il a attrapé à tort et à travers quelque chose de sa grâce, mais cela s’y trouve comme par hasard. Il ne reconnaissait pas le principe en l’appliquant. X…[1] me paraît le seul qui l’ait compris et exécuté. C’est là tout le secret de son dessin. Le plus difficile est comme lui de rappliquer au corps entier. Ingres l’a trouvé dans des détails des mains, etc. Sans artifices pour aider l’œil, il serait impossible d’y arriver, tel que de prolonger une ligne, etc., dessiner souvent à la vitre[2]. Tous les

  1. Sur le manuscrit on ne peut distinguer le nom, qui a été soigneusement biffé à l’encre après coup.
  2. Ce procédé est fort ancien : Léonard de Vinci, Albert Dürer et tant d’autres s’en sont servis eux-mêmes très souvent. Voici en quoi il consiste : on prend un crayon gras, et on ferme un œil en tenant l’autre ouvert contre une planchette mobile et fixe à volonté, trouée à diverses