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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

épaules nues et de ses cuisses éclatantes de blancheur. Un sentiment nouveau s’éveille dans son esprit troublé ; elle cache à ses compagnes son mystérieux amour. Je ne sais quoi de divin rayonne dans la blancheur de l’oiseau dont le col entoure mollement ses membres délicats et dont le bec amoureux et téméraire ose effleurer ses charmes les plus secrets. La jeune beauté troublée d’abord et cherchant à se rassurer en pensant que ce n’est qu’un oiseau. Ses transports n’ont pas de témoins. Couchée sous un ombrage frais au bord des ruisseaux qui réfléchissent ses beaux membres nus et dont le cristal effleure le bout de ses pieds, elle demande aux vents l’objet de son ardeur, qu’elle n’ose rappeler.

Sans date. — Sur l’autorité, les traditions, les exemples des maîtres. Ils ne sont pas moins dangereux qu’ils ne sont utiles ; ils égarent ou intimident les artistes ; ils arment les critiques d’arguments terribles contre toute originalité.

— C’est un singulier moyen d’encourager les arts que de donner permission aux mauvais ou médiocres artistes d’exposer trois tableaux et d’interdire aux gens de talent d’en exposer quatre.