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VI
EUGÈNE DELACROIX.

négliger cette période de sa vie ; à cet égard, d’ailleurs, les renseignements fournis par ses précédents biographes s’accordent complètement et laissent peu de points obscurs. Eugène Delacroix naquit à Charenton Saint-Maurice, près Paris, le 7 floréal an VI (26 avril 1798). Son père, Charles Delacroix, était alors ambassadeur de France en Hollande. La carrière politique et administrative de ce dernier fut assez brillante : il appartenait à cette catégorie d’esprits imbus des principes philosophiques du dix-huitième siècle, et qui rêvaient d’en tenter l’application à la société environnante ; il avait été d’abord avocat au Parlement, puis secrétaire de Turgot : le département de la Marne l’envoya à la Convention nationale ; il paraît n’y avoir joué qu’un rôle assez effacé, bien que l’ancien Moniteur contienne de lui des discours qui, selon M. Mantz, « ne semblent pas inspirés par une vive tendresse pour le clergé et les choses religieuses ». Sa véritable voie était l’administration : il s’acquitta à son honneur de missions dans les Ardennes et dans la Meuse, et plus tard le Directoire lui confia le ministère des Affaires étrangères ; il fut appelé à ce poste le 12 brumaire an IV et le conserva jusqu’en messidor suivant. Lorsqu’il le quitta, ce fut pour céder la place au prince de Talleyrand ; il eut alors comme compensation l’ambassade de Hollande, puis, après l’organisation des préfectures, termina sa carrière en qualité de préfet de Marseille et de Bordeaux, où il mourut en 1805. Le trait saillant de son caractère paraît avoir été l’énergie ; du moins est-ce celui qui ressort le plus clairement des renseignements fort rares que nous possédons sur son compte. Dans une note du Journal, Eugène Delacroix fait allusion à cette énergie