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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

venu tuer trois moutons, l’un à la tente de Bias, le second à celle du caïd, le troisième à la nôtre, pour obtenir la grâce d’un homme accusé d’assassinat. Bias s’intéresse à l’affaire.

En attendant, il n’a été question toute la soirée, ce jour-là, que d’un pauvre Juif qui avait été bâtonné pour de l’eau-de-vie qu’il avait refusé de livrer à Lopez, l’agent français à Laroche, lequel devait probablement la donner au frère du caïd dans la tente de qui nous avons été le soir. On n’a voulu le relâcher que moyennant quatre piastres et dix onces pour le donneur de coups.

Le pacha et son frère avaient toujours un homme de chaque côté du cheval, marchant à côté et qui prennent le fusil quand ils viennent de courir.

Je n’ai pas parlé à Alcassar de la visite au pacha dans sa tente. La selle à sa droite, son sabre sur son matelas blanc, couvertures ; un homme à ses pieds dormant enveloppé dans un burnous noué par derrière.

— Presque toujours le derrière de la selle est dans l’ombre à cause des vêtements.

Le second du pacha n’ayant pas de bottes avait mis à une de ses jambes le fourreau de son fusil, un mouchoir à l’autre ; ils ont presque tous la jambe blessée par l’étrier.

Beau temps, rien de remarquable.

— Les hommes avec le fourreau du fusil sur la tête.