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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

sommes entrés, une sorte de tambour en planches de deux pieds et demi de hauteur environ, et allant depuis la porte jusqu’à l’angle, sur lequel s’assied le pacha. Le long des murs, dans les intervalles des pilastres qui vont à la voûte, des avances de pierre pour servir de sièges. Les soldats sans fusils nous attendaient à la porte sur deux rangées aboutissant au corps de garde par lequel nous étions entrés.

Vu une Juive très bien[1] ressemblant à Mme R…

Nègre, que Mornay m’a fait remarquer ; il m’a semblé avoir une manière particulière de porter le haïjck.

Vu de côté la mosquée en allant chez un des consuls. Un Maure se lavait les pieds dans la fontaine qui est au milieu ; un autre se lavait accroupi sur le bord[2].

29 janvier[3]. — Vue ravissante en descendant le long des remparts, la mer ensuite. Cactus et aloès énormes. Clôture de cannes ; taches d’herbes brunes sur le sable.

  1. « Les Juives sont admirables, écrivait Delacroix à Pierret, le 25 janvier ; je crains qu’il ne soit difficile d’en faire autre chose que de les peindre : ce sont des perles d’Eden. » (Corresp., t. I, p. 174.)
  2. A propos des paysages si nouveaux pour lui et des traits de mœurs qui le frappaient, l’artiste écrivait, toujours à Pierret : « Je viens de parcourir la ville, je suis tout étourdi de tout ce que j’ai vu. Je ne veux pas laisser partir le courrier, qui va tout à l’heure à Gibraltar, sans te faire part de mon étonnement de toutes les choses que j’ai vues. « (Corresp., t. I, p. 174.)
  3. Ce qui suit semble avoir été écrit le soir d’une promenade dans la campagne.