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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

pour aller chez Smith, qui n’est pas organisé. J’ai lu en partie chez lui le Giaour. Il faut en faire une suite.

— Promenade aux Tuileries. — Pris la lithographie de Gros. — Chez M. Guillemardet : Louis va bien ; en descendant, Félix et Caroline rentraient. Ils ont été dans mon atelier…

— Idées :… faire le Giaour.

Rapporté de chez Félix le dessin que je lui ai fait.

Mardi 11 mai. — Il arrivera donc un temps où je ne serai plus agité de pensées et d’émotions et de désirs de poésie et d’épanchements de toute espèce. Pauvre Géricault ! je l’ai vu descendre dans une étroite demeure, où il n’y a plus même de rêves ; et cependant je ne peux le croire.

Que je voudrais être poète ! Mais au moins, produis avec la peinture ! fais-la naïve et osée… Que de choses à faire ! Fais de la gravure, si la peinture te manque, et de grands tableaux. La vie de Napoléon est l’apogée de notre siècle pour tous les arts.

Mais il faut se lever matin. La peinture, je me le suis dit mille fois, a ses faveurs, qui lui sont propres à elle seule. Le poète est bien riche.

— Rappelle, pour t’enflammer éternellement, certains passages de Byron ; ils me vont bien.

La fin de la Fiancée d’Abydos.

La Mort de Sélim, son corps roulé par les vagues et cette main surtout, cette main soulevée par le flot qui vient mourir sur le rivage. Cela est bien sublime