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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

vases d’albâtre magnifique et d’une belle exécution ; un sarcophage fort original : se souvenir du caractère des pieds de deux statues égyptiennes assises, qu’on prétend de la plus haute antiquité.

— Puis chez Couturier. — À l’atelier : Pierret y était. J’ai fait la veste de l’homme du milieu et fait détacher en clair sur elle l’homme couché sur le devant, ce qui change notablement en mieux.

— Dîné avec Pierret. Ce soir, une petite promenade par les Tuileries, jusque chez moi. Rentré à onze heures et demie.

— La sérénade de Paër[1] est ce qui m’a frappé davantage.

Lundi 10 mai. — À l’atelier de bonne heure. J’y ai déjeuné. Retravaillé un peu, d’après Pierret, à la jambe du cheval, à l’aquarelle du mameluk qui tient le cheval par la bride. Fielding venu un instant.

— Dîné rue Monsieur-le-Prince. Été prendre Pierret,

  1. Ferdinand Paër, compositeur et pianiste, aujourd’hui bien oublié, jouissait à cette époque d’une grande réputation. Il naquit à Parme, en 1774, et mourut en 1839. À quatorze ans, il fit représenter à Venise l’opéra de Circé. Il séjourna à Padoue, Milan, Florence, Naples, Rome et Bologne, et y composa de nombreux ouvrages avec cette facilité qui caractérisait les musiciens de l’École italienne. Emmené en France, en 1806, par Napoléon, il dirigea à plusieurs reprises le Théâtre-Italien. Ses principaux ouvrages sont : la Clémence de Titus, Cinna, Idoménée, la Griselda, l’Oriflamme, la Prise de Jéricho. En 1838, Delacroix, qui se présentait à l’Institut, écrivait à Alfred de Musset : « Avez-vous la possibilité de me faire recommander à Paër, pour l’élection prochaine à l’Institut ? Si cela ne vous engage pas trop, ni ne vous dérange, je vous demanderai le même service que l’année dernière ; mais surtout ne vous gênez pas, si vos rapports ne sont plus les mêmes. » (Corresp., t. I, p. 235.)