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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.


— Se procurer la Panhypocrisiade[1]. On pourrait en faire des dessins. — Une suite aussi sur René, sur Melmoth[2].

Lundi 5 avril. — Le matin, vu Fielding, en allant chez ma sœur.

— Rencontré Dufresne et chez Gihaut. — À l’atelier. Travaillé peu. — Rouget. — Le soir chez Pierret.

Mardi 6 avril. — Déjeuné chez Soulier et Fielding. — À l’atelier de Henry Scheffer. Commencé chez moi le petit Don Quichotte[3]. — Dîné avec Dupont et été chez Devéria[4].

— Tâcher de retrouver la naïveté du petit portrait de mon neveu.

  1. La Panhypocrisiade, de Népomucène Lemercier, poème satirique en seize chants, singulier ramassis de scènes sans liaison, mais dont quelques-unes sont fort belles.
  2. On voit ici la première idée d’une composition qui devait être une de ses plus belles œuvres, connue sous ces noms : Melmoth ou Intérieur d’un couvent de Dominicains à Madrid, ou l’Amende honorable. Cette composition lui fut inspirée par la salle du Palais de justice de Rouen. Nous extrayons à ce sujet d’une biographie de Corot, publiée par M. Robaut, un passage marquant la profondeur de l’impression que le paysagiste avait éprouvée en voyant le tableau de Delacroix : « Nous étions assis sur l’un des bancs qui font le tour de la salle des Pas perdus ; il était là, silencieux depuis un moment, les yeux levés sur les hautes voûtes en bois sculptés, quand tout à coup il s’écria : Quel homme ! quel homme ! Il revoyait dans sa pensée le tableau de l’Amende honorable que nous avions admiré ensemble quelques jours auparavant… » On sait que les deux artistes avaient l’un pour l’autre une vive admiration.
  3. Don Quichotte dans sa librairie. (Voir Catalogue Robaut, no 138.)
  4. Achille ou Eugène Devéria, car Delacroix était également lié avec les deux frères.