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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

J’avais été, deux ou trois jours avant, dîner avec Henry. Je me rappelle : c’était le 13 février, il n’avait pas de bureau. Je faisais le jeune homme du coin d’après la mendiante. Quelque temps avant, nous avions dîné ensemble chez Tautin. Je l’aime toujours beaucoup.

Minuit passé ! couchons-nous.

Vendredi 20 février. — Toutes les fois que je revois les gravures du Faust[1], je me sens saisi de l’envie de faire une toute nouvelle peinture, qui consisterait à calquer pour ainsi dire la nature ; on rendrait intéressantes par l’extrême variété des raccourcis, les poses les plus simples ; on pourrait, ainsi, pour de petits tableaux, dessiner le sujet et l’ébaucher vaguement sur la toile, puis copier la pose juste du modèle. Il faut chercher cela dans ce qui me reste à faire de mon tableau.

Aujourd’hui, je me suis mis à ébaucher ce qui me reste à couvrir.

J’ai donné à Mélie 3 fr.

Dimanche 22 février. — Dîné chez Riesener avec Henri Hugues, qui est venu me prendre à l’atelier.

— Ébauché, avec Soulier, le fond.

  1. On trouve ici l’idée première de cette illustration de Faust que Delacroix exécuta par la suite en dix-sept lithographies admirables d’originalité et de verve. Les gravures du Faust dont il est question ici sont vraisemblablement les douze planches du célèbre artiste allemand Pierre de Cornelius qui datent de 1810.