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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

tête s’y perd, quand on veut s’en rendre compte : il n’y a que le cœur dont l’instinct soit sûr ; il ne ma jamais trompé sur le degré d’intérêt qu’on me porte.

Adieu ! Adieu donc ! Je compte beaucoup sur vos bontés : vous savez aussi que nous avons des articles à dresser, puis mille choses à nous dire, dont je ne me suis souvenu qu’au moment où je vous ai quittée Tout cela demande bien du temps.

Mes sottises me font rougir de pitié… Que cette vie est triste ! toujours des entraves à ce qui serait si doux ! Quoi ! si vous tombiez malade, je ne pourrais aller moi-même vous demander de vos nouvelles et vous voir à votre chevet ! Enfin ! il en est ainsi… et adieu encore une fois, et la plus tendre et la plus sûre amitié pour la vie. »


17 décembre. —

« Je n’ai reçu qu’à présent votre lettre. Depuis quelques jours je me tenais chez moi et n’étais pas allé à mon atelier. Oui, votre souvenir me sera toujours cher, et ce que vous souffrez, je le souffre avec vous ; j’ai aussi mes ennuis et une lutte à souffrir contre des adversités de plus d’une espèce. Le temps, la nécessité, tout me presse et me harcèle : Ne joignez pas à ces maux celui de croire que je suis indifférent à ce qui vous touche. Vous avez bien voulu dernièrement vous intéresser à moi, quoique infructueusement. J’aurais été vous voir si je n’avais craint qu’à cette occasion vous ne preniez ma visite pour un simple acte de politesse, comme tout