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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

Vendredi 16 mai. — C’est samedi 10 que je l’ai revue ; je ne mettrai pas comment elle m’a reçu : je m’en souviendrai. Cela m’a troublé…

Je suis maintenant tout à fait calme. La jalousie commençait à gronder. J’ai le jour même dîné avec Pierret.

— Le lendemain matin, Bompart vient m’entretenir du concours projeté qu’il m’a présenté sous les plus belles couleurs du monde.

Aujourd’hui, vendredi, 16 mai, j’ai vu Laribe et lui ai porté la rédaction que j’avais tirée de l’histoire de France. Ce que je prévoyais arrive ; on retardera, on amoindrira l’idée, et on élaguera parmi les concurrents. Je lui ai parlé sans façon, peut-être trop. Je me suis rejeté sur la promesse de commande pour une église, mais en homme qui n’y compte guère ; il m’a répondu en homme qui ne veut guère faire de même.

— Fortifie-toi contre la première impression ; conserve ton sang-froid.

Ni les promesses brillantes de tes meilleurs amis, ni les offres de service des puissants, ni l’intérêt qu’un homme de mérite te témoigne ne doivent te faire croire à rien de réel dans tout ce qu’ils te diront ; quant à l’effet, j’entends, parce que beaucoup de prometteurs ont de bonnes intentions en vous parlant, comme les faux braves, ou les gens qui se mettent en colère à la manière des femmes, et dont toute l’effervescence se calme considérable-