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JOURNAL D’EUGENE DELACROIX.

Roméo[1], que j’ai revu avec bien du plaisir.

— Hier, j’ai vu Édouard et Lopez[2] à l’atelier de Mauzaisse[3]. Superbe atelier. Il m’est venu à l’idée qu’il n’y avait pas besoin d’en avoir de si beau pour faire de bonnes choses… ; peut-être le contraire !

— J’étais encore à balancer ces jours-ci si j’irais voir la Dame des Italiens ; toutes les fois que j’y vais, j’y pense avec délices ; j’en rêve. C’est pour moi comme ces bonheurs impossibles à obtenir, et qu’on n’a qu’à rêver, un souvenir de l’autre vie. Ce bonheur était peu vif quand je le possédais, aujourd’hui il se colore par mon imagination ; c’est elle qui fait mes douleurs et mes joies.

— C’est, je crois, vendredi dernier que j’ai dîné chez l’oncle Pascot ; je n’avais pas bu beaucoup, mais assez pour être étourdi : c’est un doux état, quoi que puissent dire les sévères. Félix y était ; Henri y est venu.

    nôtre, cette chère petite folle que j’ai bien regrettée, c’est Mme Pasta. Il faut la voir pour se figurer sa beauté, sa noblesse et son jeu admirable. » (Corresp., t. I, p. 86.)

  1. Roméo e Giuletta, opéra italien de Zingarelli.
  2. Lopez ou Lopès, peintre, demeuré inconnu. On trouve mentionné dans les catalogues des Salons de 1833 et 1835 le nom d’un Lopès, élève de …, qui doit être le même que le peintre en question, ami de jeunesse de Delacroix.
  3. Jean-Baptiste Mauzaisse, peintre de portraits et lithographe, élève de Vincent, né en 1784, mort en 1844.