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prie M. Gambetta de retirer cette expression. « Je retirerai le mot, répond M. Gambetta, quand l’homme qui est à la tribune rentrera dans la vérité. » Nouvelles protestations d’un côté, nouveaux applaudissements de l’autre. Le président arrive néanmoins à obtenir le silence. « Quelle que puisse être la justesse et la vérité de la pensée qu’on exprime, dit-il, le règlement exige qu’on l’exprime d’une façon parlementaire. » — « Pour le règlement, je retire le mot », ajoute immédiatement M. Gambetta, et M. de Fourtou peut achever son discours. Cet incident eut des suites extra-parlementaires. Un duel au pistolet ayant été résolu, M. de Fourtou et M. Gambetta se rencontrèrent sur le terrain. Aucun des adversaires ne fut atteint.

On a vu avec quelle autorité et quelle habileté M. Jules Grévy dirigeait les débats parlementaires. Il était naturellement grave au fauteuil, mais d’une gravité bienveillante. Ce n’est pas de lui à coup sûr qu’on aurait pu dire ce que le poète des « Châtiments » a dit de l’autre président, que

Ses quolibets mordaient l’orateur au cœur chaud.

Il ne cherchait pas l’ironie, mais il la