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touchant récit intitulé le Paravent, a raconté comment ces vaillants citoyens se séparèrent. Après la fusillade du boulevard Montmartre, la lutte est devenue impossible. Le comité de résistance prend le parti de se dissoudre. M. Victor Hugo sort de la maison de M. Jules Grévy appuyé sur le bras de M. Jules Favre. Ils se trouvent dans la rue, en face de la proclamation du général Saint-Arnaud, ministre de la guerre, défendant, sous les peines de la loi martiale, tout rassemblement de plus de deux personnes. Le grand poète s’arrête, étincelant de colère, et jure qu’il sortira le jour même de cette ville déshonorée. Jules Favre, lui, déclare qu’il restera pour consacrer tout ce qu’il a de force à combattre le despotisme abject qui vient de triompher. « Après ce dialogue, écrit Jules Favre, les deux amis se serrèrent fiévreusement la main et s’éloignèrent dans des directions opposées. L’un et l’autre ont tenu parole. »

M. Jules Grévy n’a pas eu à prêter un serment semblable ; mais, lui aussi, il a combattu l’Empire ; il a pris place, lui aussi, dans les rangs de l’opposition irréconciliable. En 1864, il plaide pour l’un des prévenus du procès des