tions mondaines le nom d’un homme que la postérité a en quelque sorte divinisé, le Poussin donc introduisit M. de Beauvoir dans son atelier. L’artiste venait de terminer les Sept sacrements, qu’il avait envoyés à M. de Chantelou, et il travaillait à deux autres compositions destinées à ce même ami : son propre portrait et le Ravissement de saint Paul. Ces deux derniers tableaux étaient sur le chevalet, et quand M. de Beauvoir fut entré, le Poussin les lui indiqua d’une main, en lui montrant de l’autre des assortiments de gants et des cordes de luth disposés en ordre sur une table, puis il ajouta : « Vous êtes témoin, monsieur, de l’empressement que je mets à servir monsieur de Chantelou. Les deux derniers tableaux que je lui ai promis sont commencés, ainsi que vous le voyez, et je suis occupé en ce moment à empaqueter les gants à la frangipane et les cordes de Naples qu’il m’a demandés et que je vais lui expédier à Paris. Mais prenez la peine de vous asseoir, dit l’artiste, qui se plaça lui-même dans son fauteuil, et permettez-moi de satisfaire l’impatience que j’ai de lire ce que me marque M. de Chantelou. »
Après la lecture de la première page, l’artiste, portant tout à coup la main à son front, s’arrêta, fixa ses yeux sur ceux de M. de Beauvoir, puis, continuant de lire haut et d’un ton grave : « Dans quel triste état, me marque monsieur de Chantelou, sont les affaires de notre pauvre France ! quel trouble dans le royaume ! et que de malheurs de toute espèce ! Le roi s’est vu réduit par les frondeurs à sortir de sa capitale dans le moment même que la paix de Munster faisait respecter sa puissance dans toute l’Europe... Il s’est retiré pendant la nuit à Saint-Germain, et les jours suivants, monseigneur le prince, accompagné du duc d’Orléans, a fait le blocus de Paris, et s’est emparé de Charenton. »
Le Poussin s’arrêta quelque temps après ces mots, puis, ne pouvant retenir l’émotion que ce récit lui avait causé : « Je vois par cette lettre, continua-t-il, se parlant à lui-même plutôt qu’à M. de Beauvoir, que je ne me suis point trompé. Le parlement demeure en liberté de s’assembler contre le vœu de la cour, et la cour conserve son ministre, dont le