embarrassé de mettre un terme à son ouvrage. Mais la belle-sœur d’Innocent X, en mourant, a coupé le récit de l’historien, à qui il ne reste plus, pour s’acquitter complétement envers ses lecteurs, qu’à donner quelques renseignements sur certains personnages accessoires, auxquels on aura pu prendre intérêt.
De toutes les distractions propres à détourner le cours ordinaire des passions humaines, les calamités publiques et la peste en particulier sont les plus puissantes. Malgré l’acharnement avec lequel ceux qui avaient été maltraités par dona Olimpia accumulaient les charges contre elle, et demandaient qu’on lui fît son procès, ces accusateurs furent ébranlés dès que le terrible fléau, arrivant de Sardaigne, eut frappé Naples et vint fondre sur Rome. Toutes les haines s’engourdirent. La fermeture des tribunaux, l’une des premières conséquences de la peste, aurait déjà ôté toute occasion de s’occuper de l’affaire de la belle-sœur d’Innocent X, quand bien même le mal que chacun redoutait et les émeutes qui en rendaient le danger plus imminent encore, n’auraient pas jeté la confusion et la terreur dans tous les esprits. Bref, le sentiment de la peur étouffa celui de la vengeance, et l’on fut trop occupé de sauver sa vie pour s’inquiéter des intérêts de sa fortune.
De plus, parmi les deux ou trois cent mille personnes qui succombèrent au mal dans le royaume de Naples et les états romains, il y en eut bon nombre dont les poursuites judiciaires contre dona Olimpia furent mises à néant par le fait même de leur mort. On doit encore faire observer que la fin terrible de cette femme, regardée généralement comme une punition du ciel, calma beaucoup la populace de Rome, qui, certaine que dona Olimpia ne pourrait plus désormais spéculer sur les revenus de l’état, s’embarrassait fort peu de l’instruction d’un procès dont elle n’avait rien à espérer. Il arriva aussi que le haut clergé et la noblesse, deux classes chez lesquelles la haine contre dona Olimpia était plus persistante, parce qu’elle était plus raisonnée, se sentirent cependant ébranlées dans leur ressentiment par la crainte de blesser des personnes dont elles