son absence. Il ne fallut rien moins que les quinze jours accordés par l’astrologue pour que les trésors d’Innocent fussent transportés au palais Pamphile. Dona Olimpia, dès qu’elle eut terminé cette importante opération, fit venir les architectes, les sculpteurs et tous les maîtres ouvriers qui prenaient part à la construction et aux embellissements de la place Navone, de l’église de Sainte-Agnèse, de celle de Saint-Jean de Latran et du palais Pamphile, et leur paya de larges à-comptes, en prenant des termes pour le surplus des dettes.
Le jour où elle régla ces comptes, dona Olimpia était pâle, et paraissait plus soucieuse que de coutume. Flaminia, qui, depuis la recrudescence de la maladie du pape, était affectée d’une douleur à l’estomac qui ne lui permettait plus de prendre ni sommeil ni nourriture, ne put se tenir, en voyant la princesse si troublée, de l’interroger sur l’état du saint-père. Dona Olimpia, sans tourner les yeux vers celle qui l’interrogeait, lui fit comprendre par un signe de tête qu’il n’y avait plus rien à espérer, et que c’était le moment de s’attendre aux plus grands malheurs. Malgré la discrétion naturelle à Flaminia et les habitudes respectueuses qu’elle avait auprès de la princesse, la douleur fut la plus forte. La camériste se laissa tomber sur ses genoux, et fut prise de sanglots qui l’auraient étouffée, si après plusieurs efforts douloureux elle ne fût parvenue à verser des larmes.
Il y a un lien mystérieux qui, à certains moments, unit les âmes qui se ressemblent le moins. Dona Olimpia releva Flaminia, la plaça sur un siége, et sentit des pleurs s’échapper de ses yeux.
À peine se sentit-elle remise de cette émotion, que voyant sa camériste retomber en faiblesse, elle sonna ses femmes, leur confia la pauvre Flaminia pour qu’on la mît au lit, et se disposa à retourner au Quirinal.
Ce qui se passa d’étrange et de mystérieux dans ce palais, durant les derniers jours de la vie d’Innocent X, est à peine concevable et ne pourrait se décrire. Le pontife ne respirait plus qu’à peine ; sa raison, sa parole étaient presque éteintes, qu’avec l’intermédiaire de dona Olimpia, qui ré-