dans la maison ; mais la préoccupation des serviteurs plus ou moins compromis dans cette affaire était telle, que le prélat ne put rien tirer de positif de leur part. S’avançant donc dans les appartements sans que personne songeât à l’annoncer, il pénétra jusque dans un grand salon où toute la famille Pamphile et le cardinal de Barberin étaient rassemblés autour d’Innocent.
Le pape était assis ; ses deux mains tombaient le long des appuis de son siège, et il regardait devant lui avec stupeur. Dona Olimpia et ses filles allaient et venaient autour du pontife. Quant aux princes Justiniani et Ludovisi, ainsi qu’au reste des assistants, ils paraissaient préoccupés et inquiets comme quand on fait des efforts pour deviner quelque secret impénétrable. L’arrivée d’Azzolini parut tirer dona Olimpia de la préoccupation extraordinaire où elle était. La pâleur de son visage et l’inquiétude gravée sur son front frappaient d’autant plus, que, contre son ordinaire, elle s’était parée d’une manière riche et éclatante pour recevoir la visite du pape. « Ah ! dit-elle en s’avançant vers le jeune prélat, dont la venue parut lui faire du bien, on m’a volé mes bijoux ! — Tous ? — Non, mais les plus précieux ; un anneau qui me vient du grand-duc de Toscane, une couronne de perles, une montre d’or, et le collier de diamants auquel j’avais fait ajouter les deux brillants, don de sa sainteté. Enfin tout a été pris dans un meuble demeuré parfaitement intact, dont le voleur, sans aucun doute, a eu tout le loisir de faire une fausse clef. Mais venez, Azolini, ajouta-t-elle en le conduisant avec précipitation dans l’intérieur de ses appartements ; il faut que vous voyiez les choses en détail. » Arrivés dans le cabinet et près du meuble dont elle ouvrit les tiroirs, elle fit remarquer qu’aucune serrure n’avait été forcée, et indiqua la place qu’occupaient les écrins enlevés. Azzolini observa tout avec soin. « Vous savez maintenant, dit dona Olimpia, tout ce que savent ceux que nous avons laissés ici près ; mais je dois vous en apprendre davantage, mon cher Azzolini. Dans ce tiroir, et à la place qu’occupait l’écrin du collier, j’ai trouvé cette lettre ; lisez-la ; voyez si par hasard l’écriture vous est connue, car je serais bien trompée si celui qui