cesse de Rossano, les Justiniani et les Ludovisi, ainsi que sa sœur Agathe.
Malgré la bonne grâce naturelle à Astalli, et bien qu’il s’efforçât de faire les honneurs de son banquet avec toutes les prévénances imaginables, il s’aperçut que l’on ne répondait à ses politesses que par des sourires forcés qui lui mirent du noir dans l’âme. Quand on fut levé de table, on ne lui dit que les mots que l’on ne refuse jamais à celui qui vous a convié. Les hommes d’un côté, les femmes de l’autre, se partagèrent en groupe, parlèrent à voix basse, tandis que le cardinal neveu, abandonné de tous, embarrassé de sa personne, ne sachant où porter ses pas dans le salon, pour ne pas devenir indiscret en s’approchant de ceux qui paraissaient le fuir, payait cher, par les mortifications de cette soirée, les honneurs inouïs dont le pontife l’avait comblé jusque-là.
Dona Olimpia vit son supplice, et ne jugea pas à propos de le prolonger. Elle donna le signal de la retraite, et, accompagnée de dona Anna Colonna, elle partit avec les deux jeunes époux pour les installer dans le palais Pamphile, où il était convenu qu’ils vivraient près d’elle.
Depuis ce jour, la faveur déjà chancelante du cardinal neveu alla toujours en déclinant. Toutes les choses d’apparat, telles que les visites aux ambassadeurs, ou leur réception en cérémonie, furent confiées à dom Camille ; et pour les affaires d’état, les négociations secrètes, le pape ne consulta et n’écouta plus que dona Olimpia et les Barberins. Astalli fut exclu de tous les conseils privés. Les réunions furent même tellement secrètes, qu’il ne transpira plus rien de ce qui s’y traitait.
On pense bien que l’entreprise sur le royaume de Naples faisait redoubler de précautions et de mystère ; mais toutefois et sans que l’on ait jamais su au juste comment l’ambassadeur d’Espagne et bientôt la cour de l’Escurial en furent instruits, le roi catholique, sans faire aucun bruit, fit passer des troupes à Orbitello et à Piombino, afin de les mettre à portée d’augmenter les garnisons du royaume de Naples dès qu’il serait nécessaire, et il donna à entendre au