d’Antoine pour le service qu’il venait de lui rendre, et dona Olimpia, qui n’était pas moins satisfaite de lui, lui frappa doucement sur le bras en disant au cardinal Antoine : « C’est un aigle que ce garçon-là ! Qu’en dites-vous Antoine ? »
À mesure qu’ils traversaient les appartements et descendaient lentement les escaliers, dona Olimpia et Antoine, entre lesquels Azzolini se trouvait placé, donnaient tour à tour des instructions au jeune prélat, devenu en quelque sorte leur ministre. « Surtout que rien de ce qui vient de se passer et d’être dit ne transpire, disait l’une. — Ayez bien soin, faisait observer l’autre, de surveiller l’ambassadeur d’Espagne, et qu’il n’ait pas ombre de soupçon de ce que l’on se propose d’entreprendre contre le royaume de Naples. — Madame, ajoutait le cardinal en s’arrêtant au milieu de l’escalier, préparez doucement les princes et les princesses de votre famille à ce grand événement. Engagez-les à tenir leurs trésors prêts ; car il faut se préparer à de grands sacrifices, mais dont on sera amplement dédommagé ! »
Ils n’étaient plus qu’à quelques pas des voitures, lorsque Azzolini, qui jusque-là avait écouté sans rien dire, prit la parole. « Il y a, dit-il, un homme dont il faut bien se défier à l’occasion de l’entreprise contre Naples. — Astalli, n’est-il pas vrai ? demanda dona Olimpia. — Oui, madame ; je ne serais pas étonné qu’il reçût de l’argent de la cour d’Espagne. — Vous croyez ? dit le cardinal Antoine. — Je n’en suis pas certain, mais je penche à croire qu’il en est ainsi. — Surveillez-le bien, Azzolini, dit le cardinal avec gravité. — Tranchons la difficulté, dit dona Olimpia : qui ne nous sert pas est notre ennemi. Il faut que cet homme tombe ; entendez-vous, Azzolini ? Il faut qu’il tombe ! »
Ce furent les derniers mots de cet entretien, et les trois interlocuteurs montèrent dans leurs voitures.
Peu à peu, avec toute la prudence naturelle à dona Olimpia et exigée par les circonstances, les Justiniani, les Ludovisi, ainsi que dom Camille et la princesse de Rossano, furent initiés aux mystères de la conquête, ou plutôt de l’achat du royaume de Naples. On leur fit connaître le pacte conclu entre les Pamphiles et les Barberins, et la jeune Olimpia