de ses biens. À la vue de ce bijou, dona Olimpia crut entendre les paroles qui lui avaient été dites lorsqu’elle le reçut ; et en retombant dans cette même rêverie mêlée d’inquiétude qu’elle avait éprouvée quelques années avant, elle mit machinalement la bague à l’un de ses doigts.
« Désirez-vous quelque autre bijou, princesse ? dit Flaminia. — Non, celui-là me suffit, répondit dona Olimpia en souriant. — Ô madame ! ajouta la camériste, que l’air satisfait de sa maîtresse engagea de parler, j’ai de bien bonnes nouvelles à vous apprendre du Vatican ! — Lesquelles ? — La santé de notre saint-père se soutient parfaitement depuis quelques jours. L’un de ses pages, le jeune Quirino, qui ne manque pas d’entrer dans le palais chaque fois qu’il passe par ce quartier, m’en a encore donné l’assurance ce soir. Sa sainteté, m’a-t-il dit, repose beaucoup mieux la nuit, depuis que madame la princesse de Rossano l’empêche de prolonger ses veilles. — Merci de votre attention, Flaminia, dit Olimpia, que l’idée des soins donnés au pontife par sa belle-fille fit cependant retomber dans ses pensées sérieuses ; merci ; vous pouvez vous retirer maintenant, Flaminia. »
Restée seule, elle s’assit sur un grand fauteuil et attendit l’arrivée de Barberin, en tenant ses yeux et son esprit fixés sur cette bague de laquelle il semblait qu’elle dût apprendre ce qu’elle avait à dire à son ancien possesseur.
On ne tarda pas d’annoncer le cardinal Barberin. Après les politesses d’usage et la conversation préliminaire sur les nouvelles du jour, soit par hasard, soit à dessein, la main de dona Olimpia se trouva placée sur l’appui de son fauteuil, de manière qu’elle fixa presque aussitôt l’attention du cardinal. C’était une indication si précise du tour que la conversation devait prendre, qu’il aurait fallu une intention formelle de la part de Barberin pour ne pas répondre à cette question muette, mais si expressive. Ayant donc recours à sa politesse naturelle, perfectionnée encore par celle de la cour de France, qu’il avait longtemps fréquentée : « J’observe, princesse, dit le cardinal, que, malgré les justes prétentions de la reine régente, à Paris, d’avoir la main admirablement belle, elle pourrait cependant éprouver quelque jalousie en voyant la