phile, sollicitait à la Rote un procès fort important qu’avait le marquis Justiniani, tout nouvellement marié à sa nièce, la fille de dona Olimpia. Cette affaire prenait un mauvais biais au tribunal, et déjà on avait lancé deux décisions contre Justiniani, lorsque Mascambruno, lié avec l’auditeur du cardinal, eut connaissance du procès ; il demanda les pièces, les compulsa, en tira si bien parti qu’il présenta la question sous un nouveau jour, et parvint à faire donner gain de cause au marquis Justiniani.
Le cardinal Pamphile fut tellement surpris de la promptitude et de la netteté avec lesquelles Mascambruno avait débrouillé cette question, que de ce moment il ne cessa de lui accorder sa confiance pour la gestion des intérêts si compliqués de la maison Pamphile : dès lors Mascambruno ne cessa plus en effet de les surveiller jusqu’à sa mort. Lorsque Pamphile fut nommé pape, à la première vacance il nomma Mascambruno sous-dataire, lui laissa même bientôt usurper les droits et les fonctions de Cecchini, son supérieur, et telle était l’élévation de la faveur à laquelle cet homme était parvenu, lorsque l’on fit la découverte de la fausse bulle, qu’Innocent X, comme on l’a déjà fait entendre, n’attendait que la première promotion pour le faire cardinal.
Mais l’imprudent pontife ne se doutait guère de quelle pourpre la tête de Mascambruno allait être rougie !
Un jour, pendant que Rugolo instruisait le procès des officiers de la daterie, le cardinal neveu et Pancirole, à qui cette infâme intrigue faisait horreur depuis longtemps, voulurent la faire finir. Ce dont avait parlé Azzolini à dona Olimpia n’était pas sans fondement. Le père Tomazo Lolli avait en effet mis sous les yeux du pape quatre suppliques fausses, qui lui avaient été confiées par le premier réviseur de la daterie, un certain Joachim Vaultrin, natif de la Lorraine. Mais ces pièces, évidemment fausses, avaient été négligemment observées par Innocent, qui, dans son inconcevable prévention pour Mascambruno, les lui avait précisément remises comme simple affaire de daterie, et qui le concernait. On comprend du reste l’usage que fit de ces pièces importantes celui qui avait, tant d’intérêt à les cacher, et