que l’autre était destinée à conduire M. de Beauvoir au palais de France. L’abbé Segni, bien que tant soit peu étonné de cet excès de politesse, s’y rendit cependant, et pour les deux autres, qui étaient étrangers, ils la prirent pour un usage du pays.
M. de Beauvoir ne tarda pas à entrer à la chancellerie du marquis de Fontenay, où il était attendu avec impatience par tous ses compatriotes, pour qui c’était une bonne fortune que de voir et d’entretenir un Français arrivant de Paris.
Quant à Segni et au joaillier, on les conduisit chez Mascambruno, qui s’empressa de faire connaître au secrétaire du nonce qu’il était très au courant de l’envoi du collier, puisque la lettre de son patron, qu’il eut soin de montrer, le chargeait de payer et de livrer les bijoux. « Je prends ces précautions, ajouta-t-il, pour tranquilliser ce brave homme tout neuf en ce pays, et qui ne me connaît pas. » En parlant ainsi il montrait Gauthier, qui, peu fait à la volubilité de la prononciation italienne, quoiqu’il parlât un peu la langue, se tenait roide et tout ébahi en serrant avec force sa boîte à bijoux entre ses deux mains. « Que comptez-vous faire ? qu’allez-vous devenir à cette heure déjà avancée du jour dans une ville que vous ne connaissez pas et avec de telles valeurs entre les mains ? » demanda Mascambruno à Gauthier, en lui parlant aussi lentement qu’il pût pour se faire comprendre ; « vous vous ferez voler, mon cher. Restez ici, je me charge de vous et de vous loger. » Ces paroles firent plaisir à Gauthier, qui en effet était assez embarrassé de trouver un gîte sûr où il osât dormir avec sa précieuse cassette. Il accepta donc l’offre du sous-dataire d’autant plus volontiers que l’abbé Segni lui avait fait entendre que Mascambruno, par son emploi ainsi que par la double confiance qui lui était accordée par sa sainteté et dona Olimpia, était un des hommes les plus considérables de Rome.
Ces arrangements pris, le sous-dataire éconduisit l’abbé Segni en l’engageant à ne pas tarder plus longtemps pour se présenter chez le ministre d’état, afin de le prévenir de son arrivée, dont il était convenable que sa sainteté fût instruite. « Il est absolument inutile, ajouta Mascambruno, de parler