honneur de souverain sera à couvert. — Impossible ! s’écria Innocent ; impossible ! — Eh pourquoi ? demanda dona Olimpia, dont l’agitation était portée à son comble. — D’abord, parce que c’est injuste... — Puis ?... — Imprudent... — Mais enfin ? — Parce que je ne le veux pas, madame, et brisons là. »
Poussé à bout, le pontife prononça ces derniers mots avec une fermeté qui pétrifia sa belle-sœur. Elle s’aperçut alors, mais trop tard, à quel point la colère l’avait mal conseillée : et après quelques efforts inutiles tentés pour rétablir l’entretien sur un ton plus convenable, dona Olimpia se sentit réduite successivement au silence, dont le pape lui donnait l’exemple depuis les dernières paroles décisives qu’il avait fait entendre.
Il fallut céder cette fois ; mais avec cette habileté qui s’était accrue par une longue expérience, la belle-sœur d’Innocent prit congé de lui, en lui faisant entendre qu’en définitive elle mettait toute sa confiance dans les lumières de sa sainteté. Toutefois elle partit profondément blessée d’avoir essuyé un refus, et très-inquiète des dispositions du pape à son égard. Cependant elle ne fut pas plus tôt hors de la chambre que le pape, frappant avec vivacité sur une table, s’écria, pour se soulager des ennuis de la matinée : « Que les femmes soient maudites, ainsi que ceux qui nous les envoient ! »
Il venait de se laisser aller à cet accès de mauvaise humeur lorsque Pancirole rentra, se doutant bien qu’après l’entreyien qui devait avoir eu lieu, son ministère deviendrait indispensable pour fixer les idées du pape, et lui faire prendre un parti sage et convenable sur l’affaire de la princesse de Rossano. Innocent épargna à son ministre la peine de revenir sur ce sujet, en répétant avec plus d’énergie que la première fois sa malédiction contre les femmes. « Qu’avez-vous résolu, saint-père ? dit Pancirole au pape, en lui laissant deviner sur son visage qu’il était disposé à faire tous ses efforts pour le tirer d’embarras. — Je ne veux point que l’on envoie d’ordre écrit à la princesse, Pancirole. Prenez un carrosse sans livrée, allez la voir, et dites-lui que je veux... que je