soutenir sa famille que ce que lui rapportait sa profession. Olimpia, sa fille, personne très-jolie, et qui montra de fort bonne heure une prudence au-dessus de son âge, se refusa constamment à entrer au couvent, et ne tarda pas à épouser un homme riche de Viterbe, un certain Nini, dont elle eut deux fils. Ce Nini mourut bientôt après ; les enfants ne survécurent que peu de temps à leur père, en sorte qu’Olimpia, fort attrayante encore, veuve, et héritière de quarante mille écus (deux cent quarante mille francs environ), se trouva libre de sa personne, et dans les conditions les plus favorables pour se remarier avantageusement.
» Élevée dans une famille pauvre, Olimpia n’a reçu qu’une éducation très-incomplète ; mais la vivacité de son intelligence, la pénétration de son esprit, la fermeté de son jugement surtout, suppléèrent ce défaut. Elle apprit dans le commerce de la vie ce que les livres n’enseignent jamais, à connaître le cœur humain ; heureuse si elle savait faire le meilleur usage de cette science !
» Quelque temps après son veuvage, elle vint s’établir à Rome, où l’illustre famille Pamphile, originaire de cette ville, tenait alors un rang considérable. La beauté d’Olimpia, les grâces de son esprit et l’état de sa fortune firent naître à Camille, fils aîné du prince don Pamphile, le désir de l’épouser. Le mariage se conclut, et trois enfants en furent le fruit : un fils, don Camille, car ce nom est toujours donné aux aînés de cette famille, et deux filles, Camille et Constance.
» Il est difficile de faire une fortune plus rapide et plus brillante. Toute autre femme qu’Olimpia se serait trouvée heureuse de la conserver et d’en jouir. Mais la fille de Maldachini ne considéra cette élévation que comme les premiers degrés qui devaient la conduire à la puissance inouïe où elle est parvenue.
» Le second fils du prince don Pamphile, Jean-Baptiste, beau-frère de dona Olimpia, et pontife régnant, a pris de bonne heure le parti de l’Église, afin de continuer dans cette carrière l’illustration que son oncle, le cardinal Jérôme, avait déjà obtenue dans cette famille. Après s’être appliqué à l’é-