que vous ne devez pas ignorer. Cette plate plaisanterie a fait fortune, non-seulement parmi la canaille de Rome, mais jusque dans le palais des ambassadeurs des puissances étrangères. Et je sais qu’hier, chez le marquis de Fontenay, tous les Français, si tenaces dans leurs volontés et si légers dans leurs manières, ont débité mille extravagances à ce sujet. »
Cette dernière phrase, qui avait rendu le pape plus grave, finit par lui faire éprouver un petit mouvement convulsif de colère. Mais Olimpia, lui touchant légèrement la main : « Allons, frère, dit-elle, conservez donc un peu de calme ; vous êtes vraiment comme un enfant. N’oubliez donc pas que vous êtes chargé de gouverner le premier empire du monde, et que vous devez regarder d’un œil non pas irrité, mais miséricordieux, ceux même qui portent atteinte à votre sainteté...
— Mais vous, sœur, c’est vous que l’on insulte !
— Eh bien, loin de m’en plaindre, j’en suis joyeuse. Laissez-les, frère, épuiser sur moi les traits de leurs satires, le fiel de leurs injures, le poison de leurs blasphèmes ; que j’aie le bonheur d’être l’humble égide sur laquelle viendront se fixer leurs armes impies, et je me glorifierai des blessures que j’aurai reçues pour vous, en servant de but à vos ennemis. Mais restons calmes, et veillons aux intérêts du saint-siége. »
Le pape joignit les mains, baissa d’abord la tête, puis élevant bientôt après ses regards vers le ciel, comme pour le remercier, il les reporta sur sa belle-sœur, dans l’attitude de quelqu’un qui se prépare à recevoir un avertissement céleste.
« Vous avez pour secrétaire d’état, continua dona Olimpia, un homme fort habile sans doute, et dont j’apprécie singulièrement les lumières ; mais Pancirole manque à mon sens de netteté dans ses vues, et surtout de clarté dans ses discours.
— Sœur, interrompit brusquement le pape, Pancirole est un homme...
— Entièrement dévoué à votre sainteté, je le sais, mais qui, par un sentiment qui l’honore au fond, évite toutes les